samedi 29 mars 2008

Courage....ou folie?

Parfois, la frontière qui sépare les deux est mince, très mince. C'est la reflexion que je me fait quand on parle d'exploits de l'extrème, par exemple. Grimper sans corde sur une falaise, plonger de 30 mètres de haut, défier des animaux dangeureux, chanter devant un public.

Nous y voilà. Chanter devant un public. Je l'ai fait. J'ai osé.

Comment?

1ère étape, le constat : Aujourd'hui, nous vivons avec mon mari en parfaite harmonie, mais avec une vie sociale dans la région proche du zéro : un boulot prenant avec des horaires variables, pas de club de sport, pas de bibliothèque, pas d'enfant à chercher à l'école.... Bref, pas tellement d'occasion de faire connaissance avec les autochtones.


2è étape, l'idée : Nous allons démenager, et nous aimerions bien, dans ce nouveau village, avoir un semblant de vie sociale. Je me suis donc interressé aux associations des environs, et après avoir éliminé le piano parce que ça me gonfle, la gym parce que j'aime pas, le karaté parce que pas pour moi, je suis tombé sur la perle : "cours de chant pour adultes". Parfait!! J'adore chanter depuis toujours! Allez, je me lance!!


3è étape, le premier contact : "bonjour, j'aimerais avoir des renseignements sur vos cours de chant"; "bien sûr, pas de problème, nous sommes un petit groupe de douze personnes, on se retrouve tous les jeudis soir, entre 18h30 et 21h, si vous voulez, vous pouvez venir la semaine prochaine, je vous invite, vous verrez si cela vous convient. Ah, au fait, ce que je cherche pour mon cours, ce sont des interprètes." "Très bien, je viendrais, à la semaine prochaine!!". Jusqu'ici, tout va bien.


4è étape, le premier cours, début février : Me voilà donc dans une pièce riquiqui, avec tout plein de têtes inconnues, hommes et femme entre 40 et 60 ans. Acueillants, sympas et chaleureux, ce sont les qualités qui les caractérisent. Un prof de 70 ans, passsionné de vieille variété française, type Nougaro, Brel, Henri Salvador. Il a été chanteur de cabaret dans son jeune temps, et il est l'auteur de plusieurs centaines de chansons, dont à priori aucune qui ai dépassé la sphère de ces fameux cabaret. Bref. Le cours me surprend : les élèves ne chantent pas ensembles, mais un à un, accompagnés de Pascale, la pianiste. QUOI????? Je vais devoir chanter toute seule???? Pas avec tous les autres??? Et devant les élèves???? La pression monte, le trac m'envahi, je n'ai jamais fait ça. Je passe ma vie à chanter, mais quand d'autres personnes entrent dans la pièce, je fais ma timide, et je baisse la voix. Pourtant on me demande de me lancer, que si je suis là, c'est pas juste pour regarder et qu'il faudra bien chanter un jour. Je me poste tremblante à côté du piano, et je "chantonne", rouge comme une pivoine, le coeur battant à tout rompre. J'ai fait ce que j'ai pû, soit, pas grand-chose, mais cependant Claude (le prof), me dit "on devine un brin de voix interressant, tu fais le spectacle avec nous??". Tous les élèves "Oh ben oui, ce serai sympa!!". Et moi "Oui, d'accord, pourquoi pas??".


5è étape, la prise de conscience : Le spectacle est à la mi-mars, soit, dans 6 semaines, et il y 2 semaines sans cours pour cause de vacances scolaire. Gloups. QU'EST-CE QUE J'AI FAIT ???? Quelle mouche m'a piquée? La honte!!! Non, c'est pas possible, je vais jamais pouvoir!! Rien qu'à y penser, je stresse à mort, c'est n'importe quoi cette histoire, j'aurais jamais dû dire oui!

Mais bon, c'est dit c'est dit, et puis c'est une experience, et puis le cours me plait, et puis chemin faisant, cours après cours, je suis plus à l'aise, j'arrive à donner un peu de voix devant les élèves. Ma participation est confirmée, je chanterai une chanson de Véronique Sanson, seule, et la dernière chanson du spectacle en duo avec Mounir le guitariste : jardin d'hiver de Henri Salvador.


6è étape, le spectacle : Le cadre est sympa. Une petite salle, faite pour acueillir une cinquantaine de spectateurs, qui ne seront pas rangés en rang d'oignons devant la "scène", mais qui seront installé à des tables, avec une buvette avec boissons et gâteau maisons au fond de la salle. l'entrée est libre, les gens ne pourrons pas dire qu'il n'en ont pas eu pour leur argent, vu qu'ils ne payent pas.
Nous, les chanteurs, on s'installe dans la salle avec notre famille en attendant notre tour de passer sur scène. En ce qui me concerne, je me met à côté de mon chéri, qui a pris une position stratégique à côté de la buvette. Pendant la première partie du spectacle, ça va, je profite.
Après l'entracte, le stress arrive. Mais alors il arrive grave, et quand la personne qui chante juste avant moi entame les premières notes, je sens mes jambes qui se dérobent. Je dois quand-même me lever et me positionner à côté de la scène en attendant mon tour. Vous allez peut-être pas me croire, mais rien qu'en écrivant ça, j'ai les mains moites. Bref, la peur au ventre, la bouche sèche, envie de vomir, le coeur tambourinant, c'est mon tour. Et je chante. Quelques couacs, la respiration sifflante, la tension qui monte de plus en plus entre chaque couplet, et, le clou, un trou juste 2 phrases avant la fin. Mais globalement pas si catastrophique que ça. Je reçois des aplaudissements d'encouragement, c'est déjà pas mal! Tout le monde me dit que pour une première fois, je m'en suis super bien sortie, et je fais ce qu'il faut pour les croire!!!


7è étape, le choc post-traumatique : Nous avons profité du spectacle pour faire notre première nuit à Saint Benezet, dans le nouveau canapé puisqu'on a pas encore de lit là-bas. Mon homme m'a montré un petit bout de film qu'il a fait pendant le spectacle. On entend comme une sorte de terreur dans ma voix, c'est assez terrible, mais j'avoue m'épater pas certaines notes que je sors! Bon, le pas de bol, c'est que sur les 20 secondes de film, il y a évidemment la partie où j'ai zappé les paroles...

Je me reveille dans la nuit, transpirante, glacée, envie de vomir, le bide qui se tord dans tous les sens, la bouche asséchée et le palpitant affolé, je suis en train de faire une méga crise d'angoisse post traumatique. Respiration, zen attitude, je me rendors, épuisée par tant d'émotions.


Conclusion : J'ai décidé de continuer, ça fait du bien de se dépasser un peu. Et puis après tout, même si au niveau des émotions, ça vaut le sport extrème, il n'y a pas de danger pour ma santé. Peut-être pour celle des gens qui vont me subir, par contre!!!

On m'a demandé de chanter une chanson de Police au spectacle de fin d'année du club de guitare... La rançon de la gloire!!

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah quand le petit bout de film sur le blog ???!!!! Gros bisous.

Didouchat a dit…

euhhh.....ben non, ptete pas quand-même!!!!

Anonyme a dit…

Moi je dis, 1ère étape "Le constat"... faites des bébés ! enfin, commencez par un déjà !

4ème étape : tu viens seulement de commencer le mois dernier et tu as déjà fait un pestacle ?! whaou !!! moi je pourrais jamais ! avec tout un group, ok, mais seule de chez seule, kel courage !!!

6ème étape : "envie de vomir"... je l'savais... si tu l'avais pô dit/écrit, j'allais te le demander...

En tous cas, encore BRAVO !!!!!!!

Anonyme a dit…

Pour une première fois, choisir du Véronique Sanson c'est très courageux. Quelle chanson as tu interprété? Birkin c'aurait été plus facile!
Cécile

Didouchat a dit…

J'ai chanté "Comme je l'imagine", j'en ai chosi une pas trop dure quand-même..Et j'ai eu une pensée pour toi en choisissant cette interprète, puisque c'est toi qui me l'a fait connaitre!!